Inventer de nouvelles histoires et les partager…
Au carrefour des expériences et des vies d’artistes, au-delà de l’amitié et des admirations réciproques, la naissance de ce trio apparaissait comme une rencontre incontournable, une confrontation espérée. A partir d’une vision commune et affirmée du jazz et de l’improvisation, proposant une musique résolument moderne et sans concession, ce trio d’exception vous invite à le suivre tout au long de ces « New Stories », subtils chapitres d’un ouvrage engagé.
Dans la tâche ô combien futile qui consiste à décrire une musique, voici de quoi épargner notre vocabulaire. À mesure que les mesures se succèdent, ce trio nous révèle de façon presque subreptice ce qu’est la modernité : une somme de ce qui a précédé et un appel à effacer hardiment une dette en assumant l’inconnu. Hervé Sellin, Jean-Paul Celea et Daniel Humair ont une longue histoire cumulée : le métier d’accompagnateur, l’expérience de la musique classique et contemporaine, les projets casse-cou, l’enseignement au plus au niveau, le service rendu à d’autres solistes, les projets en leader ou en nom collectif, la notoriété qui va et qui vient…
En remettant dans la force de l’âge leur volumineux ouvrage sur le métier, que cherchent-ils, à supposer qu’ils le sachent eux-mêmes ? L’auditeur avance des hypothèses qui sautent aux oreilles : le plaisir de jouer, de laisser leurs instruments converser, de risquer le pas de côté, l’ivresse de la transgression. On s’amuse sérieusement, aussi. Mais n’est-ce pas une feuille de route que d’autres qu’eux ont déjà criblée de leurs exploits ? Bien sûr. Alors il faut trouver ailleurs le pourquoi de cette force d’aimantation que produisent sur l’esprit ces histoires courtes dont ces trois jazzmen (on précise au cas où…) nous content les péripéties, même sur quelques intrigues connues, telles Black Narcissus ou Bohemia After Dark.
À coup sûr la puissance de leur engagement fournit une explication : la façon dont Jean-Paul Celea « rentre » dans la note, son sustain comme un étirement de l’âme et sa justesse hors d’atteinte à l’archet sont la marque d’un musicien tout entier à son art. C’est ce même engagement qui donne à Daniel Humair toute licence de désentraver la mesure, de subdiviser là où il le sent, de libérer la notion de temps tout en colorant le tableau façon « sortie de tube », pour employer le langage du peintre. Quant à Hervé Sellin, cachant presque trop bien son érudition, concentrant son énergie dans le rééquilibrage, il oriente la limaille des notes autour de l’intention commune. Les mots rigueur, sens de la forme, sans quoi une telle entreprise ne saurait jusqu’où il ne faut pas aller trop loin, en sont l’armature invisible. La passe décisive vient souvent de lui.
Entre la stimulation d’un walking bass féroce emportant tout sur son passage, les obliques dont l’humour évoque les facéties d’un Martial Solal, les rubatos poétiques, les lucarnes où crépite un éclair virtuose, ces « tomber juste » au milieu d’un maelström de timbres et de notes, ces unissons où l’oreille s’incline devant le métier, il nous faut arrêter le chronomètre.
Juste le temps de nous rendre compte que l’on assiste à l’éclosion d’un grand disque et, par le fait même, d’un grand trio.
François Lacharme
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